« Le toucher est un art profond, subtil et merveilleux car il touche le cœur même de l’homme. [1] »
Praticienne en S.G.M., formée à l'accompagnement pré-postnatal par le massage latéral de la future maman et le massage du bébé, je souhaite partager avec vous les bienfaits de ces deux massages sur le plan physique, psychique et relationnel.
Je commencerai par évoquer l'importance du toucher qui est le premier des sens. Le sens du toucher a, en effet, été détecté chez l'embryon humain de moins de huit semaines. A ce stade, il n'a pas encore d'yeux ni d'oreilles mais la sensibilité de sa peau est déjà hautement développée. La nature entreprend le massage du bébé longtemps avant sa naissance. Il flotte d'abord dans son milieu qui, peu à peu, l'enserre de plus près. La caresse délicate de l'utérus se fait alors plus pressante, se transformant graduellement en contractions et en poussées rythmiques qui stimulent sa peau et ses organes. Habitué avant de naître à cette stimulation constante du mouvement, le nouveau-né a besoin d'en retrouver le rythme. [2]
Beaucoup de cultures reconnaissent la valeur du massage-caresse pour les bébés ainsi que celle d'un étroit contact corporel avec eux. Dans ces cultures, c'est une coutume qui fait partie des soins quotidiens. Nous pensons à l'Afrique et à l'Inde notamment.[3]
Le massage, qui a été reconnu comme une expression d'amour, de tendresse et d'affection, aide l'enfant à accepter le monde et le fait sourire à la vie.
Le Massage du Bébé
"Etre touché, massé et caressé est nourriture pour le nouveau-né - une nourriture aussi nécessaire que les vitamines, les protéines et les oligo-éléments." Frédérick Leboyer
La première forme de communication perçue par un bébé et le premier langage qu'il développe passent par la peau. Les stimulations cutanées dès la naissance sont donc essentielles car d'elles dépend son développement, sur le plan physique, affectif et émotionnel. Etre touché avec amour déclenche des changements physiologiques qui aident le tout-petit à grandir en facilitant l'assimilation de la nourriture, en renforçant l'efficacité du système immunitaire. Le fonctionnement des systèmes respiratoire, circulatoire, digestif, rénal, nerveux et endocrinien est amélioré par le contact et les caresses.
Le toucher renforce de façon décisive les liens entre le bébé et ses parents, ce qui génère un sentiment fondamental de sécurité. Le massage, qui est un moment de communication privilégié où la maman, et/ou le papa, se rend totalement disponible, procure au nourrisson un apaisement, une détente, une sensation de bien-être. En lui donnant sa structure, il favorise la prise de conscience du schéma corporel, en cela il est unifiant. Le bébé va ainsi pouvoir investir tout son corps.
Des mains sûres, chaudes, chaleureuses posés sur son ventre peuvent le soulager en cas de coliques. Le massage est particulièrement bénéfique pour les prématurés car il favorise la prise de poids, atténue le réflexe d'évitement et l'hypertonie. Il diminue la fréquence des phases d'apnée et l'anxiété, il accélère l'éveil.
Les sensations que l'enfant éprouve au contact de sa maman constituent son premier mode de communication, son premier contact avec les autres êtres humains, l'origine du "tact humain". L'expérience d'un contact chaleureux lui permet d'engrammer que la relation avec un autre être est possible de façon bienveillante. [4]
Je propose d'apprendre à la maman à masser son bébé avant même la naissance de celui-ci en ayant recours à un poupon. Ceci me semble très respectueux du bébé qui, ainsi, dès qu'il vient au monde, se sentira accueilli par des mains sereines, confiantes, sûres de la justesse des gestes. Si le bébé est déjà arrivé, il n'est jamais trop tard pour s'initier à ce beau et doux massage. En présence du bébé l’apprentissage est possible sur un poupon d’abord, pour s’entraîner, et ensuite une ou deux séances d’accompagnement avec moi peuvent être proposées pour rassurer, confirmer les gestes, le cas échéant sous forme d'atelier en fonction des demandes.
Pour masser son bébé la maman doit être détendue et abandonner toute tension grâce à une respiration abdominale consciente. Elle peut visualiser l'amour pour son bébé comme un soleil au centre du cœur dont elle irradie la chaleur à travers ses bras et ses mains. Le massage du bébé dure entre 3' dans les premières semaines qui suivent la naissance et 20' à partir des 7ème ou 8ème mois. Il se pratique dans un endroit chaud, loin de la tétée, dans un moment autour du bain, comme un rituel qui lui donne un repère dans le temps. Le bébé est nu, le mieux c'est qu'il soit peau à peau avec la maman, qui peut être assise sur une chaise ou sur le sol. Le massage se fait avec une huile de germe de blé, d'amande douce ou de coco. Les mouvements sont toujours doux, sans pression, quand le bébé est tout petit et en augmentant un petit peu la pression lorsque l'enfant est plus grand. Il est essentiel de s'adapter aux mouvements et aux besoins du bébé.
Le contact par le toucher n'est pas le seul, il se fait aussi par la parole en nommant les différentes parties du corps, ou le chant, et surtout par le regard qui confirme le bébé dans son existence. Je citerai à nouveau Frédérick Leboyer pour conclure cette présentation du massage du bébé :
"Au travers des mains qui le touchent l'enfant sent tout : la nervosité ou le calme, la maladresse ou la sûreté, la tendresse ou la violence. Il sait si les mains l'aiment. Ou si elles sont distraites ; ou pire, si elles ne veulent pas de lui. Entre des mains attentives, aimantes, un enfant s'abandonne, s'ouvre. Entre des mains raides, hostiles, il se mure, se bloque, se ferme. En sorte qu'avant de s'animer pour suivre les vagues qui parcourent ce petit corps, il suffit de laisser les mains immobiles sur l'enfant. Des mains non pas inertes, distraites, absentes, des mains qui sont ailleurs, mais des mains attentives, vivantes, guettant et suivant le moindre frémissement de l'enfant. Des mains légères. Qui ne commandent pas. Qui ne demandent pas. Qui simplement sont là. Légères et lourdes de leur poids de tendresse et de silence."
Le massage de la future maman.
Si le massage renforce les liens entre le bébé et ses parents, il ne faut pas oublier que ces liens se sont tissés tout au long de la grossesse, de façon privilégiée avec la maman qui le porte. Si le massage prénatal les favorise en nourrissant la représentation mentale "avoir un enfant" [5], il apporte bien-être et détente à la future maman dont le corps est sollicité plus que d'habitude au niveau de certaines articulations et de certains muscles. Il lui permet de conquérir son espace corporel complet, d'accompagner son corps dans son expansion, d'accueillir sa « plénitude croissante », alors que souvent ce corps qui se transforme et dont elle a l'impression qu'il lui échappe, génère des inquiétudes.
Pendant la grossesse la maman a, en effet, besoin d'une tonification de son énergie, d'un apaisement de ses tensions physiques et morales, d'attention et de tendresse [6]. C'est précisément ce que lui offre le massage que je pratique.
La prise de conscience de sa respiration, de sa capacité à entrer dans un état de relaxation lui permettra d'envisager plus sereinement l'accouchement et de vivre autrement les contractions. Si le papa a appris à la masser, il pourra la soulager à ce moment-là et être davantage acteur.
La relation à la personne qui masse contribue à développer sa confiance en ses ressources personnelles, en ses compétences de mère. Plus la maman ressent ce qui est bon pour elle et prend soin d'elle, plus elle sera à l'écoute et prendra soin de son bébé.
Ce dernier bénéficie du bien-être de sa maman pendant le massage, il reçoit les caresses médiatisées par sa peau. Le corps à corps se poursuivra après la naissance, qui est une "épreuve" pour le bébé, en tant que passage d'une existence symbiotique à une existence autonome.
Les séances postnatales apportent à la maman une détente et l'aident à accueillir son corps "d'après". Elles sont particulièrement bénéfiques dans le cas d'une naissance prématurée pour que la maman ne se sente pas dépossédée des derniers mois de grossesse ou après une fausse-couche pour apaiser "ce ventre vide."
Le massage latéral qui procure un relâchement de la musculature dorsale et un sentiment de sécurité dure une heure. Il est précédé et suivi d'un dialogue. Il se pratique du début du 4ème mois à la fin du 7ème mois de grossesse ; un avis médical est souhaitable surtout pour prolonger les séances au-delà. Les contre-indications de ce massage sont peu nombreuses, elles concernent les grossesses pathologiques (diabète, hypertension) ou gémellaires, les risques de prématurité, un retard de croissance in-utero, des malformations.
Le massage que je propose a été spécialement conçu pour les femmes enceintes par Margaret Elke et Ulla Bandelow sur les bases du massage californien. Il se pratique sur une table de massage où la future maman s'installe en position latérale avec un coussin d'allaitement posé devant elle. Le confort est très important pour la détente. Après la prise de contact pendant laquelle je pose les mains en suivant la respiration de la maman, à partir des pieds jusqu'à la tête, ce qui me permet de dire bonjour au bébé, je procède au huilage du corps afin de masser les jambes, le dos, puis l'avant du corps sur lequel je peux appliquer une poudre de soie ou de l'huile.
La maman se retourne ensuite de l'autre côté pour que tout son corps soit touché. Après ce temps de massage, vient le moment de se dire au revoir et je pose à nouveau mes mains sur le rythme de la respiration mais cette fois en commençant par la tête jusqu'aux pieds. Je m'adresse une dernière fois au bébé. Je laisse quelques minutes la maman et son bébé pour un temps de repos et de conscience.
Puis je l'aide à s'asseoir sur la table, à s'envelopper dans la serviette. La séance s'achève par un échange sur son ressenti.
J'utilise des huiles végétales bio, particulièrement nourrissantes comme l'huile de germe de blé et de sésame ainsi que l'huile de bourrache excellente pour assouplir la peau et amener le calme. Les poudres de soie ont été conçues par Christina Desreumaux, aromatologue et naturopathe.
Un accompagnement à peu près toutes les 3 semaines permet de suivre la maman au fil de sa grossesse.
Bénédicte TORRES
Praticienne en « Sensitive Gestalt Massage »
Accompagnement pré-postnatal et bébé
[1] Kiran Vyas, Le massage indien de tradition ayurvédique, éditions Adi Shakti
[2] Vimala McClure, Le massage des bébés, Editions Tchou, 2006, pp. 29-30.
[3] Frédérick Leboyer, Shantala (un art traditionnel : le massage des enfants).
[4] Ashley Montagu, La peau et le toucher, Seuil, 1979.
[5] Monique Bydlowski affirme que "le toucher, le seul sens qui ne puisse être ôté, tient une place de choix dans la représentation mentale : avoir un nouveau-né. Pour exister cette représentation mentale doit ser nourrir de l'expérience sensorielle et notamment du toucher." La dette de vie, itinéraire psychanalytique de la maternité. P.U.F. (Le fil rouge), 2008.
[6] Raoul et Ulla Bécart Bandelow, Le corps et la caresse, (Massages et art du toucher), Editions Greco.
Comments